mercredi 5 février 2014

Comment trouver la sérénité...






Qu’est-ce que la sérénité ?

La sérénité c'est la capacité à faire face à l'existence et à pouvoir ensuite revenir au calme. Elle est donc régulièrement troublée et mise à l'épreuve par les adversités, grandes ou petites, de notre quotidien. effectivement, il s'agit alors de moments, plus ou moins durables". On ne maîtrise jamais tout.

Nos états d'âme peuvent être douloureux, comme ceux que vous décrivez. Et ils peuvent concerner des douleurs du passé comme du présent. il est impossible d'empêcher ces états d'âme négatifs de survenir à notre esprit. Mais nous pouvons ne pas leur laisser toute la place, en accordant par exemple, de l'importance aux états d'âme positifs : encore et toujours la grande question de la psychologie du bonheur.

alors que nous sommes vivants que nous avons besoin de la sérénité, même si ce n'est pas facile. elle n'est pas l'immobilisation de nos états d'âme, mais au contraire, leur libre jeu avec un retour rapide à un sentiment d'apaisement
est-il possible de ne pas savoir pourquoi nous ressentons ces états d'âme ?
Christophe André > Parfois, certains de nos états d'âme semblent surgir du néant (les anglais disent "out of blue"). Cela peut venir de nos états du corps : si nous sommes fatigués, ce sera du spleen ; si nous sommes en hypoglycémie, de l'irritabilité, etc... Mais cela peut aussi venir d'une tendance à réprimer et ignorer nos états d'âme désagréables ou douloureux : on a pris l'habitude d'essayer de ne rien ressentir plutôt que de ressentir des états d'âme pénibles.

Parfois, nos états d'âme de tristesse peuvent déraper vers la dépression. Cela passe souvent par l'étape des ruminations : on quitte le réel, avec ses mauvais et ses bons côtés, pour se replier dans notre monde intérieur où nous nous repassons en boucle seulement ce qui ne va pas dans notre vie. Dans votre cas, je ne sais pas s'il faut chercher à retrouver la sérénité, ou d'abord, à vous écarter de vos ruminations sombres en vous remettant à vivre le maximum d'expériences.

Les états d'âme d'inquiétude peuvent nous pousser à l'inhibition. Tout ce qui est nouveau ou inhabituel peut les réveiller : l'anxiété est une forme d'allergie à l'incertitude. C'est souvent lié à notre désir de contrôler ce qui nous arrive pour nous rassurer. C'est pourquoi apprendre à lâcher prise, laisser faire et voir venir (pas tout le temps bien sûr, mais sous forme de "cures" régulières) représente un bon entrainement pour les inquiets.

Notre passé pèse effectivement lourd dans nos équilibres intérieurs. Mais ce que j'explique en thérapie, c'est qu'il concerne surtout nos "pilotes automatiques" : c'est à dire nos réflexes de pensées, nos premiers mouvements émotionnels... Nos ne pourrons pas en empêcher la survenue (commencer à ressentir de l'agacement, de l'inquiétude, du spleen) ais nous pouvons, en en prenant conscience, "débrancher" ces automatismes pour leur substituer des réactions librement choisies, et non dictées par notre passé.

L'engagement dans l'action est une source appréciable d'expériences de vie. Après quoi il faudra de l'engagement dans l'introspection pour intégrer ces expériences. Mais si nous ne faisons qu'agir (ou que nous interroger sur nous-mêmes), il va nous manquer une des deux conditions du développement personnel. Précisons que notre société nous pousse volontiers à réguler nos états d'âme par des actions creuses (acheter, dépenser, boire ou manger lorsqu'on n'en a pas besoin...)
C'est l'effet de rémanence : les effets persistent alors que les causes ont disparu. C'est souvent le cas avec les évènements traumatiques (que nous n'avons pas pu "digérer" parce qu'ils étaient trop intenses ou parce que nous étions trop fragile). il est alors important de se pencher à nouveau sur ce "passé qui ne passe pas" : en revenant observer ces évènement "pour de vrai" (souvent, nous essayons de les chasser de notre mémoire). Ou en le travaillant avec un thérapeute.

Oui, les problèmes reviennent toujours. Ce pourrait même être une définition de la vie par un pessimiste. "La vie : succession ininterrompue de problèmes". Il n'aurait pas tort, mais ce serait ne voir que la moitié des choses. La vie, c'est aussi une succession ininterrompue de micro-bonheurs et de mini occasions de sérénité. C'est pourquoi accepter que les problèmes occupent une place dans notre quotidien (et ne pas voir qu'eux) est indispensable pour se rapprocher de davantage de sérénité.

Cela se travaille : nous avons à "descendre" régulièrement en nous-mêmes. A ne pas être sans arrêt en train de faire des choses ou de se distraire. Par exemple, lorsque nous sommes dans une salle d'attente, ne pas prendre de revues ou ne pas envoyer de sms, mais bien s'installer, bien respirer et observer ce qui se passe alors en nous : comment va mon corps, quelles ont les pensées qui tentent de s'imposer à moi, quels sont mes états d'âme ? C'est en nous entrainant à de petites séquences d'introspection que nous développerons notre capacité à lire en nous-mêmes.

La culpabilité n'est pas un état d'âme anormal, elle est même utile car elle nous pousse à rester sensibles au mal que nous pouvons faire à autrui. C'est son déclenchement hors de propos qui est un problème. Il s'agit sans doute chez vous de quelque "ordre venu du passé" (c'est une expression du poète Pessoa) mais il est difficile de vous en dire plus. Avez-vous le sentiment que vous n'avez jamais fini tout ce que vous aviez à faire ? (culpabilité des anxieux) Ou bien l'impression que votre paix intérieure est une forme d'égoïsme par rapport à tous les malheurs qui frappent le monde ? (culpabilité des dépressifs)

Le calme n'exclut ni l'action ni l'énergie pour agir.

Nous régulons souvent nos états d'âme douloureux à l'aide de divers produits... Alcool, tabac, drogues et même la nourriture. Évidement, c'est toujours une impasse à long terme. On sait aujourd'hui que le travail sur l'équilibre émotionnel est fondamental dans toutes les formes d'addiction.

La sérénité est effectivement plus facile à approcher lorsque notre vie quotidienne nous offre des cadres et des signes de reconnaissance et de valorisation. Le chômage nous fragilise et transforme de simples questions("que deviens-tu ?") ou de simples conseils en agressions. Nous devenons hypersensibles, un peu paranos ("Que pensent-ils vraiment de moi ?"). Un des grands efforts à faire alors est de se recentrer inlassablement sur la part d'affection et d'intérêt, même maladroitement exprimées, qu'il y a derrière ces interventions de nos proches. Et puis aussi, comme vous l'avez bien senti et dit, prendre garde à conserver des journées bien remplies et le maximum de liens sociaux. L'activité et le relationnel sont les principales sources d'états d'âme positifs.

Méditation

Oui, c'est dur parfois d'obtenir des résultats avec la méditation. Tellement dur qu'on recommande d'ailleurs de ne rien attendre de la méditation. Du moins rien dans l'immédiat. Même les séances qui nous semblent ratées ("zut, mon esprit est parti dans tous les sens, et pas du tout dans l'instant présent"), vont en fait s'avérer utiles à long terme si nous en faisons bon usage : apprendre à échouer, apprendre à ne pas tout contrôler, et ne pas alors s'en vouloir inutilement. Les maîtres en méditation disent qu'il faut inlassablement répéter les exercices. Peut-être que vos efforts de méditation vous sont plus utiles que vous ne le pensez. Quant à trouver les réponses au fond de vous, attention : elles sont souvent aussi autour de nous. Méditer nous aura alors aidés à nous sortir de nous-même.

nous connaissons déjà les réponses à nos questions. Ce qui nous rend heureux, par exemple, nous le savons parfaitement. Mais c'est seulement si quelque chose de grave nous arrive que nous prenons conscience, que tout en le sachant, nous ne le faisions pas (voir souvent les gens qu'on aime, marcher dans la nature...). Comme s'il nous fallait un grand choc pour nous mobiliser.