«Le mental vit dans un cercle vicieux : il crée lui-même les
problèmes et essaie ensuite de les résoudre.»
– Swami Prajnanpad
– Swami Prajnanpad
Vous vous souvenez probablement que j’ai
passé quelques jours en retraite dans la campagne new-yorkaise, tout
récemment. J’étais plus précisément avec
l’auteur Eckhart Tolle, dont je partage souvent les citations ici. Je
sais que plusieurs d’entre vous l’apprécient grandement,
donc j’ai pensé que ce serait une belle occasion de partager un
échange particulièrement magique dont j’ai
été témoin lors d’une retraite
précédente avec lui.
C’était au mois d’octobre dernier, en Italie. Une jeune femme s’est avancée vers le micro et a posé une question toute simple à Eckhart. Elle lui a demandé : «Comment savoir que je suis enracinée dans le moment présent?» En d’autres mots (si vous n’êtes pas familier avec les enseignements d’Eckhart), «Comment savoir que je suis connectée à cette dimension spirituelle qui transcende le monde turbulent des pensées et des événements?» Ou plus simplement, «Comment savoir que je suis vraiment en paix?»
Eckhart a commencé par répondre que cet état ne peut être décrit avec des mots, qu’il peut seulement être vécu. Puis il a guidé la jeune femme dans une courte méditation pour l’aider à sortir du tourbillon de ses pensées, et donc à expérimenter cette quiétude à laquelle elle faisait référence. Après un petit moment, il lui a demandé comment elle décrirait cet état de grande présence auquel elle goûtait. Quelque peu désarçonnée, elle a répondu : «Je le sens… Mais ce n’est rien de spécial!» Et nous avons tous éclaté de rire… Non pas car nous nous moquions d’elle, bien au contraire, mais plutôt parce que nous nous reconnaissions tous un peu dans son commentaire.
C’est à ce moment qu’Eckhart a pondu une de mes métaphores préférées à vie, que voici…
Imaginez que vous êtes dans une boîte de nuit au milieu de la forêt. Je ne crois pas qu’il y a des boîtes de nuit dans la nature sauvage, mais ce n’est qu’une métaphore, alors tout est permis. Donc oui, vous êtes dans un tel établissement, situé en pleine nature, au milieu de la nuit. La musique est si forte, on dirait qu’elle remplit chacune de vos cellules. Vous parlez – ou plutôt vous criez – à plusieurs personnes. La lumière est tantôt faible, tantôt très vive et colorée. Vous pouvez sentir des odeurs de toutes sortes : des parfums, des eaux de Cologne, probablement une odeur d’alcool. Tous vos sens sont bombardés.
Imaginez ensuite que vous en avez assez et que vous sortez de la discothèque. Vous vous retrouvez immédiatement en plein cœur de la forêt, dans la nature sauvage. Visualisez-le vraiment. Puis dites-moi : quelle est votre première réaction? Il y aurait probablement une sorte de détente, pour commencer… Mais que sentez-vous, après le soulagement initial?
Pour la plupart d’entre nous, la forêt semblera très, très ennuyante. On ne verra rien, en pleine nuit, car on aura été ébloui par les lumières sur la piste de danse. Rien de ce que l’on entendra ne nous semblera particulièrement digne d’attention, comparé aux notes de Katy Perry. Non, il n’y aura là rien de bien captivant. Après un moment, par contre, quelque chose d’assez spécial se produira… Notre être s’ouvrira doucement à l’environnement. On remarquera probablement le doux gazouillis des oiseaux, et le délicat parfum qui émane des végétaux. Peut-être serons-nous émerveillés par le scintillement des étoiles, et apaisés par la force tranquille des arbres. En fin de compte, nous percevrons une sorte de magie dans notre nouvel environnement – une magie beaucoup plus subtile que celle de la discothèque, bien sûr, mais également beaucoup plus profonde. On pourrait dire que l’on sentira le caractère sacré de la forêt, en fait… Le caractère sacré de la forêt, mais également de la vie, qui était également présent dans la discothèque, mais dont on n’était pas conscient à ce moment. Une essence sacrée qui ne peut être décrite ou expliquée, qui ne peut qu’être sentie.
Ainsi, au moment où on sort de la boîte, la forêt est plutôt ennuyante. Elle n’est rien du tout, comparée au brouhaha où l’on se trouvait juste avant. Mais à partir du moment où on est un peu plus ancré en elle, elle devient la chose la plus enchanteresse qui soit. Elle nous semble plus vibrante, plus précieuse, plus «remplie» que n’importe quoi.
C’était au mois d’octobre dernier, en Italie. Une jeune femme s’est avancée vers le micro et a posé une question toute simple à Eckhart. Elle lui a demandé : «Comment savoir que je suis enracinée dans le moment présent?» En d’autres mots (si vous n’êtes pas familier avec les enseignements d’Eckhart), «Comment savoir que je suis connectée à cette dimension spirituelle qui transcende le monde turbulent des pensées et des événements?» Ou plus simplement, «Comment savoir que je suis vraiment en paix?»
Eckhart a commencé par répondre que cet état ne peut être décrit avec des mots, qu’il peut seulement être vécu. Puis il a guidé la jeune femme dans une courte méditation pour l’aider à sortir du tourbillon de ses pensées, et donc à expérimenter cette quiétude à laquelle elle faisait référence. Après un petit moment, il lui a demandé comment elle décrirait cet état de grande présence auquel elle goûtait. Quelque peu désarçonnée, elle a répondu : «Je le sens… Mais ce n’est rien de spécial!» Et nous avons tous éclaté de rire… Non pas car nous nous moquions d’elle, bien au contraire, mais plutôt parce que nous nous reconnaissions tous un peu dans son commentaire.
C’est à ce moment qu’Eckhart a pondu une de mes métaphores préférées à vie, que voici…
Imaginez que vous êtes dans une boîte de nuit au milieu de la forêt. Je ne crois pas qu’il y a des boîtes de nuit dans la nature sauvage, mais ce n’est qu’une métaphore, alors tout est permis. Donc oui, vous êtes dans un tel établissement, situé en pleine nature, au milieu de la nuit. La musique est si forte, on dirait qu’elle remplit chacune de vos cellules. Vous parlez – ou plutôt vous criez – à plusieurs personnes. La lumière est tantôt faible, tantôt très vive et colorée. Vous pouvez sentir des odeurs de toutes sortes : des parfums, des eaux de Cologne, probablement une odeur d’alcool. Tous vos sens sont bombardés.
Imaginez ensuite que vous en avez assez et que vous sortez de la discothèque. Vous vous retrouvez immédiatement en plein cœur de la forêt, dans la nature sauvage. Visualisez-le vraiment. Puis dites-moi : quelle est votre première réaction? Il y aurait probablement une sorte de détente, pour commencer… Mais que sentez-vous, après le soulagement initial?
Pour la plupart d’entre nous, la forêt semblera très, très ennuyante. On ne verra rien, en pleine nuit, car on aura été ébloui par les lumières sur la piste de danse. Rien de ce que l’on entendra ne nous semblera particulièrement digne d’attention, comparé aux notes de Katy Perry. Non, il n’y aura là rien de bien captivant. Après un moment, par contre, quelque chose d’assez spécial se produira… Notre être s’ouvrira doucement à l’environnement. On remarquera probablement le doux gazouillis des oiseaux, et le délicat parfum qui émane des végétaux. Peut-être serons-nous émerveillés par le scintillement des étoiles, et apaisés par la force tranquille des arbres. En fin de compte, nous percevrons une sorte de magie dans notre nouvel environnement – une magie beaucoup plus subtile que celle de la discothèque, bien sûr, mais également beaucoup plus profonde. On pourrait dire que l’on sentira le caractère sacré de la forêt, en fait… Le caractère sacré de la forêt, mais également de la vie, qui était également présent dans la discothèque, mais dont on n’était pas conscient à ce moment. Une essence sacrée qui ne peut être décrite ou expliquée, qui ne peut qu’être sentie.
Ainsi, au moment où on sort de la boîte, la forêt est plutôt ennuyante. Elle n’est rien du tout, comparée au brouhaha où l’on se trouvait juste avant. Mais à partir du moment où on est un peu plus ancré en elle, elle devient la chose la plus enchanteresse qui soit. Elle nous semble plus vibrante, plus précieuse, plus «remplie» que n’importe quoi.
On veut tous être en paix, on veut être libéré de
cette discothèque dans notre tête qui nous donne le sentiment de
ne jamais être arrivé, de ne jamais être OK, et
d’avoir toujours 15 000 problèmes à régler. Mais la
réalité est que dès que l’on goûte
effectivement à la paix – la vraie paix de l’âme, je
veux dire, non pas la satisfaction de surface qui nous habite quand les choses
se passent comme on le désire –, elle ne nous semble pas
particulièrement intéressante. La plupart du temps, on ne la
remarquera même pas.
|
Je me souviens d’un moment où j’ai goûté à un état d’harmonie particulièrement intense, il y a quelques années. Je sortais de deux ou trois jours de méditation, et mon mental était plus calme qu’il ne l’avait jamais été. J’étais dans un état de paix incroyablement profond, je faisais vraiment un avec le moment présent – oui, comme tous les maîtres spirituels le disent! Et vous savez quelle a été ma réaction? La même que la jeune femme citée plus haut : Eh bien… C’est tout? Mais ce n’est rien de spécial…. J’avais voulu cette paix plus que tout au monde, mais maintenant que je l’avais, je ne savais pas quoi faire avec. Je m’étais imaginé que ce serait spectaculaire, mais c’était loin de l’être. C’était le contraire de spectaculaire, en fait… C’était spectaculairement ordinaire. Je m’ennuyais même de mes problèmes, de mes petits drames, de ma résistance. Ou plus exactement : mon mental s’ennuyait de ses problèmes, de ses petits drames et de sa résistance. Seulement avec le temps ai-je pu commencer à voir et à apprécier vraiment la splendeur de cet état.
Nous sommes nombreux à vouloir vivre de grandes expériences spirituelles. Or, il est important de comprendre que plus l’expérience est «grande», plus elle nous semblera petite, de prime abord. Car par définition, la spiritualité nous ramènera toujours à cette dimension qui transcende la matière, la pensée, le monde des choses qui vont et qui viennent. Et pour le mental, tout ce qui n’appartient pas au monde des choses qui vont et qui viennent n’a rien de spécial ou d’intéressant. Il ne peut s’approprier la paix, ou même la comprendre, donc il la rejette du revers de la main. Oh, nous visons tous certains moments de béatitude malgré tout – en admirant des paysages époustouflants, par exemple… Pendant un bref moment, on connaît un silence intérieur profond, on goûte au sacré. Mais le mental s’en lasse vite, et on s’empresse donc de remplir le silence, de créer du bruit, et de retourner dans la discothèque de notre esprit.
Ainsi, je ne sais pas où vous en êtes, en ce qui concerne votre quête de paix ou de bonheur en général, … Mais que diriez-vous de rester un peu plus longtemps dans la forêt, un peu plus souvent, afin de vous ouvrir tout doucement à sa majesté ? Que diriez-vous de vous détacher de plus en plus de la discothèque de votre esprit – de la petite boîte ultra bruyante qu’est votre esprit –, et de découvrir l’espace vaste et vibrant tout autour ? Non, ça ne semblera probablement pas très excitant, au début; ce sera même intolérablement ordinaire, par moments. Mais avec un peu de patience, vous finirez par percevoir le chant des oiseaux… la fraîcheur du vent… le magnifique ciel étoilé. Et tout ce qui vous semblait si ennuyeux commencera à vous émerveiller.
Bonne journée !
Marie Pier Charron