Du déconditionnement à la libération, mode d’emploi
L’époque
est unique et réellement extraordinaire. A la fois tu vis dans un
monde que la société humaine a rendu dément et tu te sens impuissant à
empêcher sa destruction en cours, et simultanément, tu te trouves au
seuil d’un nouveau monde inespéré sur lequel tu vas découvrir que tu as
tout pouvoir de création. Quel paradoxe ! C’est la délicate période de
transition entre la fin d’un monde et l’avènement du suivant, où cette
fois les règles du passé n’auront plus ni emprise ni substance.
Sur
cette scène où s’entrechoquent les dimensions, les difficultés résident
en la bonne compréhension de ce qui arrive, le juste positionnement à
trouver et le choix à faire en conscience.
Pour
faire court, commençons par là, tu n’es pas juste né corvéable dans la
société des hommes, tu es un être divin… Probablement qu’un certain
nombre de résistances en toi t’inclinent à rejeter ce fait dans la
corbeille à délires de cette époque. Pourtant, si tu fais le chemin
d’entendre ce que je vais te dire, tu envisageras peut-être d’en
accepter la possibilité ainsi que toute l’extraordinaire potentialité.
La prise de conscience
Vois
ça comme une expérience. Essaie quelques instants d’oublier tes
croyances et ce que tu admets comme certitudes et invite-toi dans
l’ouverture d’un esprit sans préjugé. En cet état réceptif, sois serein
et portes à ton regard l’idée que tout ce que tu es et dont tu imprègnes
ton environnement est en réalité le fruit de ton conditionnement à
croire ce que tu a appris depuis ta naissance à cette vie.
Aujourd’hui
tu es adulte. Et tu es à chaque souffle en prise avec la trinité du
« regard-sentiment-pensée ». Tout pour toi commence et se répète par le
regard que tu portes sur le monde, puis à travers le filtre de tes
émotions par tout ce que tu extériorises de toi, tes pensées, tes
paroles, tes attitudes et tes actes. C’est la qualité du regard que tu
portes à toute chose qui déterminera toujours le sentiment d’où naîtront
tes pensées et tes émotions.
Dans ce processus maître, l’émotion est en réalité la première énergie que tu extériorises. Et son pouvoir est considérable.
Au
tout début de ta vie, à l’arrivée de ta conscience dans le fœtus que tu
étais, ton ressenti a déposé une première couleur sur la toile encore
vierge de ton incarnation. C’était le début d’une œuvre qui s’est
enrichie chaque seconde et n’a jamais cessé de colorer un peu plus en
profondeur ta perception. Lorsque tu étais bébé, la pureté du nouveau-né
que tu étais t’inclinait à porter un regard accueillant et exempt de
tout jugement, mais imagine un peu au fil de l’expérience le nombre de
filtres qui voilent ton regard aujourd’hui.
La
peur fut le premier sentiment dont l’expérience de la vie t’a
imprégnée. Elle a pu s’insinuer tôt, dès tes premiers moments de vie,
selon que tu fus accueilli dans la violence ou dans la douceur, ou bien
plus tard. Mais quoi qu’il en soit, sous ses différents visages, elle te
fut inoculée dès le plus jeune âge par ton environnement. C’est sur ce
pilier instable soutenant bien des fragilités à venir que ta
personnalité, ton Moi, ton Je, ton ego, a commencé à se bâtir.
Cet ego, qu’on l’envisage sous les angles psychanalytique, spirituel ou platonicien, est ton Moi
sans conscience dont l’aptitude naturellement égocentrique imagine
d’incessants mécanismes de défense, épaississant toujours un peu plus
l’écran de fumée qui te sépare de ton être véritable. Le mental est son
outil de prédilection, la peur est son moteur.
Si
tu observes avec sincérité les mécanismes qui dans ta vie personnelle
manque d’harmonie en toi, ou les situations pénibles que tu rencontres,
tu verras que derrière les sentiments qui se manifestent alors, la peur
n’est jamais loin derrière et qu’elle ne t’a jamais quittée, qu’elle a
seulement varié et multiplié les formes sous lesquelles créer ces
dysharmonies qui t’affectent. Le manque de confiance en soi,
particulièrement dans le féminin au sein de l’actuel patriarcat dominant
le monde, l’agressivité multiforme, la victimisation, le désespoir, la
tentation d’isolement, sont parmi ses habits les plus usuels.
Ce
que je t’invite à conscientiser, c’est que la peur n’est pas un
sentiment naturel. Il est inculqué de toutes pièces, et chacun y ayant
été exposé par une humanité imparfaite dont les composantes sont
elles-mêmes érigées sur le même conditionnement, chacun participe ainsi à
le nourrir, favorisant toujours un peu plus sa solidité et son
expansion. La société humaine a donc fait de la peur la base de son
modèle d’action et de réaction. Ce n’est pas une fatalité, c’est une
croyance qui a pris corps et qui maintient sa substance parce que
justement tu la crois une fatalité, une composante à part entière des
conditions de la vie.
Ce cercle peut-être rompu, définitivement.
–
Prendre conscience en premier lieu que nous ne sommes pas notre ego est
la première étape incontournable du processus de guérison.
L’ego
nous est indispensable dans l’expérience que nous avons tous choisie de
l’incarnation dans la matière. C’est un véritable couteau suisse
toujours prompt à dégainer le bon outil pour se nourrir. Mais
souviens-toi justement que son caractère d’utilité ne doit le situer
qu’à la juste place de l’outil qu’il est pour toi. Un outil tout aussi
respectable que l’est ta main, mais un outil, rien de plus.
Tu
n’as pas à t’identifier à ta main parce que tu es parfaitement
conscient qu’elle n’est pas toi mais juste une part de toi, et sûrement
pas la part qui décide ce que tu es. Il en est de même pour ton ego,
pourtant, tu le laisses prendre les rênes de ton existence en ayant
oublié que tu es un être infiniment plus vaste que la personnalité que
tu croies être ta seule représentation. De cela nous reparlerons dans un
autre article.
– Comprendre que
derrière chacune de nos manifestations égotiques (colère, jalousie,
victimisation, repli sur soi, etc.) réside une peur, que cette peur est
née de blessures avec tout leur cortège d’émotions et que toute blessure
est guérissable.
De quelles
peurs parle-t-on ? Prenons un exemple. Une enfance de soumission à la
violence, qui n’est hélas pas un cas rare, dessinera le chemin de
l’adulte à travers les filtres du manque de confiance en lui et du
sentiment de culpabilité, vers un manque récurent de respect pour
lui-même. Ce qui pourra s’illustrer au quotidien par toute une palette
très nuancée d’attitudes et de comportements possibles.
Pour
n’en prendre que deux parmi les exemples souvent rencontrés :
l’inclination autodestructrice, allant de l’exposition répétée aux
situations néfastes pour soi – la culpabilité en est souvent l’origine –
jusqu’aux tentatives de suicide. Ou, autre facette, l’extrême
gentillesse affichée et distribuée en toutes circonstances sans
discernement – il s’agit plutôt là de combler illusoirement le manque
d’amour : « si je suis gentil je serai aimé et donc reconnu comme digne
d’être aimé ».
– Intégrer que ces
blessures n’ont affecté de nous que notre ego en remplissant ses sacs
émotionnels, et nous souvenir que nous ne sommes pas notre ego comme
nous ne sommes pas notre main.
C’est très important de bien comprendre que le conditionnement qui est le tien depuis ta naissance t’a conduit à toujours
t’identifier à ton ego. C’est une éducation dont l’emprise est telle
qu’il t’est difficile d’imaginer qu’il puisse exister autre chose de toi
en-dehors de ce que tu perçois comme les contours de ta personnalité,
et que tu situes sans le situer quelque part en ton corps.
Tiens,
exerce-toi donc à localiser ta personnalité dans ton corps. Où
est-elle ? Où se cache–t-il donc cet ego ? Dans le cerveau, le cœur, le
ventre, les orteils ? Quand il est blessé, où est-ce que tu as mal ? Ne
vois-tu pas quelque chose d’absurde dans les limites physiques où tu
penses te situer ? A moins que tu te situes partout en toi ? Ou
ailleurs ? Ou ailleurs et partout à la fois ?.. Là, il y a quelque chose
qui s’ébroue et qui commence à sonner différemment. Mais qui ne cadre
pas avec l’identification que tu fais de ton être à ton ego…
Le lâcher-prise
Résumons
un peu. Tu n’es donc pas ton ego, mais lui est une part de toi, et une
part qui n’a donc pas à décider pour toi de ce que tu es. Par nature
limité, il s’est construit au fil de ta vie sur ses propres blessures et
n’a toujours fait qu’agir et réagir en fonction des peurs que ses
blessures ont installées en lui. Il a pour cela élaboré tout un système
de mécanismes de défense, passant parfois par l’attaque préventive, qui
sont autant d’armes blessant à leur tour les egos voisins, créant de
nouvelles peurs, créant de nouveaux mécanismes de défense…
Tu remarqueras en passant à quel point le collectif humain fonctionne sur ce principe comme l’individu.
Finalement,
pour trouver dans ce chaos émotionnel un sentiment de sécurité qu’il ne
veut pas voir comme illusoire, l’ego ne cherche qu’une seule chose
susceptible croit-il de maîtriser la peur : le contrôle.
C’est
la raison pour laquelle, par ton identification à lui, tu cherches
toujours à contrôler tous les aspects de ton existence, osant rarement
de ton propre chef les mises en situation de perte de contrôle.
C’est
de ces quêtes de contrôle illusoire, aux intérêts rarement communs, que
naissent les conflits entre les individus ou les nations,
qu’apparaissent à tout stade de leur évolution bourreaux et victimes,
échangeant leurs rôles autant de fois que ne sont pas comprises et
dépassées les expériences qui y ont menés.
Pour
rompre ce cercle, qui est typiquement celui des incarnations dans la
matrice des vies successives que tu as vécues, il existe une voie toute
simple et qui s’ouvre le moment venu : le lâcher-prise.
Le
moment venu ne signifie pas qu’on doit l’attendre sans rien faire. En
fait, s’il vient de lui-même et souvent d’un coup, c’est lorsqu’on a
déjà entamé le chemin de l’éveil par la prise de conscience de ce qu’est
l’ego. Fais un bout du chemin et tu trouveras sur ta route ce qu’il te
faut pour aller plus loin. Aide-toi et le ciel t’aidera comme on dit.
Le
lâcher-prise, c’est en fait reconnaître que l’ego n’est pas maître.
C’est l’idée qu’il y a quelque chose en soi de supérieur à la
personnalité et dont la vision plus haute est en mesure de mieux
percevoir ce qui est juste et bon pour soi. C’est donc sortir du cercle
habituel des actions et réactions pour accepter la guidance d’un soi
qu’on pressent supérieur en ceci qu’il n’est pas limité comme l’est par
sa nature émotionnelle l’ego.
Autrefois,
les Chinois usaient parfois de cerfs-volants sur lesquels figurait le
dessin d’un œil. Imagine que ton ego tient le cerf-volant et que l’œil
est ta conscience, c’est une image très parlante de la prise de hauteur
nécessaire pour discerner ce qui émane de l’ego et des illusions qu’il
crée et qu’il subit. Lorsque tu es en interrogation sur toi, porte ta
conscience dans l’œil du cerf-volant et observe-toi agir.
Dans
une vie actuelle au sein d’un pays industrialisé, le mécanisme du
lâcher-prise passe d’abord par s’extirper du flux de stress continu
engendré par la vie moderne. Ca peut se faire par paliers progressifs ou
brutalement selon les circonstances et tes choix, mais il s’agit bien
en fin de compte de ne plus permettre au stress de s’ancrer aux
vulnérabilités qui lui sont familières.
Ne
lève pas les yeux au ciel mon frère, ma sœur, n’oublie pas que pour en
être arrivé là tu auras déjà entamé un nettoyage qui pourra le
permettre. Ce que tu crois irréalisable au tout début se réalisera sans
même que tu comprennes comment ça a été possible. A ce stade, l’écran de
fumée qui te masque la réalité de ce que tu es sera bien moins dense.
Dénouer
les ficelles qui ferment les sacs émotionnels remplis par les blessures
de l’ego est une autre étape essentielle du lâcher-prise.
Au
regard du jugement que tu portes encore sur toi et ta vie, ça peut te
sembler une tâche énorme, mais tu te leurres. En réalité ça n’a jamais
été aussi facile et rapide que maintenant. Là où autrefois il fallait
une vie de psychanalyse avec des résultats souvent très douteux,
l’époque veut que ce chemin d’éveil ait été emprunté par un nombre de
plus en plus grand d’êtres, et que la lumière qu’ils ont ainsi
manifestée en cours de route éclaire à présent le chemin de ceux qui
suivent.
Ainsi, dans cette période
extraordinaire de notre histoire, les prises de conscience claires et
les mécanismes de corrections qui s’enclenchent à leur suite
s’accélèrent chaque jour un peu plus. Et s’il y avait des couches
émotionnelles profondes en toi que tu ne parviens pas à atteindre seul,
tu as à présent à ta disposition nombre de thérapies et de thérapeutes
nouveaux qui apportent des aides parfois fulgurantes à cette
problématique des sacs émotionnels. A toi d’user de ta foi et de ton
discernement pour te guider vers qui et quoi seront bons pour toi.
Sois
toutefois vigilant, le risque est grand de te perdre sur les chemins
consistant à trop te tourner vers l’extérieur pour trouver des réponses
qui sont en toi. Cela aussi fait partie du conditionnement social et du
sentiment de séparation que de toujours aller vers l’extérieur.
Tu
peux être avantageusement aidé par autrui, si autrui est choisi avec
discernement, par exemple si tu tournes en rond depuis longtemps sur une
problématique personnelle sans parvenir à la solutionner. Mais l’aide
apportée ne sera qu’un révélateur, il n’y a toujours en définitive pour
toi pas de sauveur autre que toi.
Il
est donc encore parfaitement illusoire de courir sans discernement tous
les stages et autres thérapies à ta portée. Tourne-toi d’abord vers toi
et accepte l’introspection comme préalable, sois honnête et sincère
vis-à-vis de toi et sois prompt à déceler en tout ce qui relève des
manifestations de l’ego.
Vu
de plus haut, donc sous une perspective plus large, tu es en fait en
train de secouer ton être lumineux pour le débarrasser de toutes les
nombreuses couches de scories qui voilent sa lumière.
Il
est temps de déposer le costume et le rôle au vestiaire et de laisser
derrière toi les vieux décors du théâtre où tu as si souvent joué que tu
as fini par t’identifier à tes rôles.
La guérison
– Guérir c’est prendre la voie de la vacuité.
Pour
commencer, prends conscience que dans ta tête, c’est le brouhaha
mental. A quel moment ne penses-tu pas ? Cherche un peu. On est
d’accord, pas souvent. Mais lorsque ça arrive – et dis-toi qu’à bon
nombre ça n’arrive jamais – tu remarqueras que c’est toujours lorsque tu
es pleinement dans le moment présent. Elle est là la clé : être dans le moment présent.
Si
tu n’as pas conscience de l’absurdité du brouhaha mental qui est le
tien, observe un instant de quoi sont faites tes pensées et tu
constateras qu’elles se situent toujours dans le passé ou dans le futur.
Jamais dans le présent. Comme si dans ta tête le présent n’existait pas
alors qu’il est en fait la seule vraie réalité du monde que tu perçois.
Ce que tu penses du passé ou du futur revient à projeter une énergie en
un lieu qui n’existe pas. Parce que selon ta représentation linéaire du
temps, qui est la tienne en cette dimension, soit tu penses à des
choses qui ne sont plus, soit tu penses à des choses qui ne sont pas
encore arrivées et qui n’arriveront peut-être jamais. Mais dans le
moment présent, qui est le seul vraiment perceptible par tout ce que tu
es, tu n’es jamais.
Voilà l’une des
clés essentielles de la libération. Cherche le plus souvent possible la
perception du moment présent dans ton quotidien et tu vas ainsi
apprendre à apaiser ton mental, à apprivoiser cet animal sauvage qui
jusqu’à présent n’a fait que ce qu’il voulait de toi.
Lorsque
tu auras par ailleurs conscience que chacune de tes pensées est une
énergie non maîtrisée, lancée à la va-vite dans l’univers et qui file
toujours quelque part aimanter sa résonance, je te laisse imaginer le
degré de pollution qu’un seul être humain peut produire dans une vie.
C’est d’ailleurs une des choses sur lesquelles il est bon que nous
commencions tous à travailler.
Un
exercice simple pour être dans le moment présent est de t’asseoir dans
la nature, de fermer les yeux et de ressentir pleinement sa présence à
travers tes autres sens, le vent dans les arbres, sur ta peau, le chant
des oiseaux, le vol des insectes, la chaleur du soleil. Si tu n’as pas
la nature à proximité, fais-le dans la ville, c’est bien sûr moins
nourrissant mais ce qui est pratique avec l’instant présent, c’est qu’il
existe partout et en permanence. Sa grande qualité est qu’il installera
peu à peu en toi le silence lucide et omnipotent, ainsi que la vacuité
réceptrice, qui t’introduiront dans ta vraie maison, là où repose en
attendant ton retour ta maîtrise perdue.
– Guérir c’est prendre la voie de l’allègement.
Chacune
des cellules de ton corps emmagasine le poids de tes mémoires, celles
de cette vie bien sûr, mais aussi celles des vies précédentes et même
certaines transmises par ton ascendance – ce qu’on appelle les mémoires
cellulaires. Imagine un peu la quantité d’émotions diverses, dont
certaines particulièrement lourdes, qu’elles ont pu accumuler tout au
long de ton périple dans l’incarnation !
Le
mal-être, les peurs, la maladie, sont les conséquences de l’énergie
disharmonieuse stockée en toi, qui finit toujours par s’exprimer à
travers une ou plusieurs de tes zones d’ombre, le plus souvent celles
qui sont nées des plus grandes douleurs, là où tu es le plus vulnérable.
Lorsque
tu auras discerné les zones d’ombre en toi et que tu auras su
identifier les blessures de l’ego qui en sont la cause, tu auras défait
les nœuds des sacs émotionnels qui les alimentent. A partir de là, les
sacs étant ouverts, tu en feras ce que tu veux selon ton libre-arbitre,
et peut-être rien si tu as décidé de ne pas t’alléger. Mais dans le cas
contraire, si tu as la volonté de sortir du jeu et de guérir, la voie
que je t’invite à suivre est celle du pardon et de la compassion. Pour
toi comme pour autrui.
C’est
dans le pardon sincère et profond pour les blessures faites et les
blessures reçues, ainsi que la compassion pour celui qui a joué le rôle
de bourreau et qui n’est lui-même que la victime de ses blessures, même
si parfois ça été toi ce bourreau, que tu pourras alors véritablement
guérir.
N’oublie pas que dans le long
chemin de tes vies sur cette Terre, tu as parfois posé la tête sur le
billot et tu as parfois tenu la hache. C’était le chemin pour chacun de
nous sans exception, il nous fallait expérimenter pleinement les deux
polarités de la dualité, et nous avons donc distribué jusque-là les
rôles avec notre plein consentement dans le respect de l’équilibre des
énergies opposées, autrement dit le respect des lois du karma.
Que
sont-elles ces zones d’ombre en toi ? Elles sont toutes tes attitudes,
tes comportements, tes réactions qui provoquent en toi et/ou pour autrui
des douleurs, des maladies et des sentiments involutifs, donc de nature
à t’éloigner un peu plus de ton être divin.
Il
n’est pas très difficile de te pencher sur toi. Demande-toi par
exemple pourquoi tu te mets en colère dans telle situation ou par
rapport à telle discussion. Observe toutes les fois où c’est arrivé et
remonte au sentiment qui a provoqué ta colère. Que ressentais-tu alors,
quel mot ou quelle situation a déclenché ta réaction ? Qu’est-ce que
cela t’a rappelé, quelle image t’es venue ?
Pratique
ainsi en toutes circonstances et tu auras d’excellentes chances
d’exhumer la blessure non guérie qu’il y a derrière. Et si celle-ci
n’apparaît pas tout de suite, qu’elle remonte à plus loin, peut-être une
autre vie dont tu n’atteins pas le souvenir, fais confiance en la vie
pour qu’elle te révèle rapidement comment y remédier. Que tu le veuilles
ou non, tu as en ce monde comme au-delà de ce monde des guides qui sont
là pour toi et ne demandent qu’à t’aider, surtout si tu le leur
demandes.
Sur la voie de l’éveil, les
choses se passent toujours ainsi, la grande loi de la synchronicité
s’applique à chaque sollicitation de l’être sur le chemin. Tu croiseras
toujours la personne, le livre ou le film qui répondra à l’un de tes
questionnements sincères. Et si tu sais observer la nature, tu y
trouveras très souvent les signes qui te seront utiles.
Que
faire me diras-tu lorsque tu identifies l’une des causes de l’une de
tes zones d’ombre ? Eh bien rien de très sorcier: tu l’accueilles.
Laisse
remonter l’émotion, ne la bloque pas, accueille-là comme une parcelle
de toi qui enfin se libère, et ressens de l’amour pour cette petite part
de toi blessée qui avait tant de mal à dire sa douleur. Tout
simplement, aies de la compassion pour toi. Tu as été blessé et tu as
souffert, tu ne mérites que de l’amour pour cette épreuve, et surtout
pas du mépris, de la colère ou de la honte.
N’émets
aucun jugement, accueille cette émotion qui se libère, que ce soit dans
les larmes, les cris ou le silence qui te submerge. Vois-là comme un
enfant de toi, parle-lui, dis-lui que c’est fini, qu’il est libre et que
plus rien désormais ne nourrit la douleur qui l’a vu naître. Si tu
aimes sans condition en cet instant l’enfant blessé qui se révèle, tu le
guéris alors instantanément.
A ton
rythme, selon tes forces, sans pression aucune, tu reconnaîtras tous les
enfants de ta douleur et tu leur rendras leur liberté.
Dans
ce monde de dualité dont nous achevons l’expérience, il demeurera
peut-être quelques blessures non guéries, mais ça n’a pas une grande
importance. Il est déjà bien plus important d’avoir pris le chemin de la
compréhension de qui nous sommes que d’en avoir guéri tous les aspects.
Lorsque les problématiques les plus lourdes sont résolues, les quelques
guenilles qui pendent encore ne t’empêcheront pas d’aller tout droit
réinvestir l’être divin que tu es. Et ce jour-là, quelle ombre crois-tu
pourra s’opposer à tant de lumière ?
L’abandon
Résumons
une dernière fois. Tu as donc pris conscience que tu n’es finalement
pas né en ce monde dans le seul but de te soumettre à la volonté
d’autrui et d’en suivre aveuglément les règles imposées, tu as donc
commencé à percevoir les mécanismes qui t’avaient conditionné à le
croire jusque-là, tu as discerné en toi ce qui relevait de ce
conditionnement afin d’en guérir les blessures occasionnées, tu as guéri
l’essentiel… et maintenant ?
Maintenant,
tu es en état de véritablement reconnecter ton esprit supérieur. Tu es
en état de t’aligner sur ta divinité. Tu es en état d’être.
En
fait, au fil du chemin, tu auras déjà fait des incursions dans un monde
étrange, qui sont les signes de ta reconnexion progressive. Sauf
exception, tout ne jaillit pas comme on ouvre une vanne, les étapes
s’interpénètrent et la progression se fait la plupart du temps par
paliers.
Le lâcher-prise a été pour
toi un palier spectaculaire. En ceci qu’il t’a conduit à des attitudes
et des comportements nouveaux. Combien de fois t’es-tu surpris à ce
stade à ne plus réagir de la même manière dans des situations qui
auparavant t’auraient atteint et auraient déclenché autant de ripostes
de ta part ? Combien de fois t’es-tu dit que tu ne te reconnaissais
pas ? Que tu te trouvais particulièrement zen ? Que tu ne comprenais pas
comment tu ne t’inquiétais plus pour tel ou tel problème ?
Le
lâcher-prise est une étape très visible dans ton quotidien, et souvent
déstabilisante pour l’entourage qui a lui aussi du mal à te reconnaître
et qui ne sait plus à quoi s’attendre.
Ne
t’y trompe pas, ce palier représente une séparation plus marquée avec
ce qui composait ta vie auparavant. C’est un bien en ceci que tu vas
enfin vers toi-même et que sur ce chemin tu croiseras des êtres qui
vivent le même éveil et qui te stimuleront, mais ça coûte aussi parfois
le prix de l’éloignement de ceux avec qui autrefois tu partageais la
même emprise de la société sur l’ego. Il arrivera aussi que tu seras
leur déclencheur et certains te suivront, mais d’autres s’éloigneront
irrémédiablement de toi, c’est ainsi, ne force rien ni personne,
respecte le chemin de vie de chacun.
A ce stade du
processus de ta guérison et de ta reconnexion à ton être véritable, tu
es déjà en position de te réapproprier de vieilles mémoires qui
remontent à la surface comme des bulles de méthane du fond des océans.
Certaines de ces mémoires exhumées ont participé à ta guérison, d’autres
t’ont simplement offert des indications sur tes vies passées, ou, plus
utiles, t’ont réouvert l’accès aux annales d’un savoir qui vient à
présent naturellement à toi.
Parallèlement,
tes perceptions s’élargissent à ce qui était jusque-là invisible, hors
de portée, certaines capacités peuvent déjà apparaître, comme la
télépathie, souvent l’une des premières à se manifester, ainsi que la
capacité de guérir autrui ou encore des visions inexpliquées, des
incursions dans d’autres dimensions où tu joues un autre rôle. Et
d’autres ouvertures encore.
C’est ton
héritage, il t’appartient et tu sauras quoi en faire le moment venu
dans l’intérêt de tous. Ne t’inquiète pas non plus si rien de tout ça ne
se manifeste encore, chacun suit un chemin de vie qui est le sien et il
n’y a aucun bien à se comparer aux autres, car cette comparaison n’a
aucun sens. Ca n’est pas ainsi que tu mesureras le chemin accompli et
que tu te situeras dans ce processus ascentionnel.
Cette
tentation de la comparaison est réellement falsificatrice et demande
une grande vigilance. D’abord parce qu’elle nourrit une autre facette de
l’ego qu’on appelle fréquemment l’ego spirituel : disons que lorsque
l’ego se voit perdre du terrain dans son élément matériel, son puissant
instinct de survie va le guider vers d’autres emprises à exercer. Ca lui
sera alors très facile de basculer vers l’élément spirituel puisqu’il
voit ta conscience supérieure prendre cette direction sans pouvoir
l’empêcher.
Pour anecdote, autrefois
en Thébaïde, lorsque les premiers monastères chrétiens sont apparus au
V° siècle, les moines alors friands d’ascèses et autres pénitences
avaient paraît-il au réfectoire la fâcheuse tendance à manger toujours
moins que le voisin afin de montrer par là une plus grande maîtrise.
Tant et si bien que le port de la capuche a dû être inventé et imposé
afin que nul ne voit le visage de son voisin et ne puisse en juger
l’appétit.
On ne compte plus
aujourd’hui encore le nombre d’«éveillés» qui se sont fait piéger ainsi
par leur ego. Les plus charismatiques finissent gourous, les plus
discrets égarent leur humilité et ne savent plus se remettre en
question, perdant ainsi leur discernement, se laissent berner par leurs
toutes nouvelles capacités et entraînent en passant dans leur sillage
quelques uns plus vulnérables encore.
L’humilité
justement est une puissante lumière dans l’obscurité. Plus que cela,
c’est un Soleil à l’aune duquel le petit dans ce monde devient immense
en l’autre.
Lorsque tout paraît
devenir compliqué et que le discernement fait défaut, lorsque les doutes
remontent et que la soif de contrôle assèche à nouveau le palais,
l’humilité conduit l’être avec douceur vers l’autel de l’abandon, qui
est le seuil suprême où il investit la plénitude de son habit de
lumière.
L’abandon est la nuque que
l’on offre nue au divin en soi. C’est la foi ultime, et elle est emplie
d’une joie sereine et profonde.
La Lumière
Quelqu’un
a dit il y a longtemps qu’il y aurait beaucoup d’appelés et peu d’élus.
C’est que les pièges que nous nous sommes collectivement inventés sont
foules bigarrées. Mais il n’y a pas lieu de s’en inquiéter, quel que
soit le rythme de nos pas, tout le monde ira tôt ou tard vers son être
divin, personne jamais ne sera laissé sur le bord du chemin, sois en
sûr.
N’oublie
pas mon frère, ma sœur, que nous sommes des nomades un peu fous, plein
d’entrain et de joie, qui avons décidé il y a bien longtemps contre
vents et marées, d’investir cette vaste scène de théâtre qu’est la
Terre, endossant à tour de vies bien des sortes de costumes et de
décors, tous destinés à nous emplir d’une expérience nouvelle et ancrer
dans la matière une lumière qu’elle ne connaissait pas. Et qu’à présent
que la représentation s’achève enfin et que le rideau tombe, nous allons
faire quelque chose de très beau de ce que nous avons appris ici sur
cette Terre bien aimée, de son vrai nom au sein de l’univers, Urantia
Gaïa.
Veux-tu que je te dise mon
frère, ma sœur, ce que nous avons fait et dont nous pouvons nous
réjouir ? Nous avons tous ensemble accepté d’abandonner un jour nos
éthers pour investir peu à peu la matière jusqu’à s’incarner dans un
corps, en oubliant volontairement tout ce que nous étions et en nous
laissant manipuler par des êtres qui ont tout fait pour nous séparer
toujours plus profondément de notre essence divine. Ils y sont
parfaitement parvenus, notre sentiment de séparation a grandi jusqu’à
l’absolu et nous sommes devenus au-delà de ce que nous avions consenti
leurs esclaves ignorants et crédules.
Dans
cette obscurité épaisse, il nous a fallu imaginer qu’il existait autre
chose que le monde qui était devenu le nôtre, et que nous avions la
capacité d’évoluer. Sais-tu, mon frère, ma sœur, combien de vies et de
souffrances de l’ego il a fallu ?
Mais
là tout au fond de la vase, dans le noir absolu, pieds et poings liés,
avec juste l’air qu’il nous fallait pour quelques instants de survie
dans les poumons, nous avons su reconnaître la flamme indestructible qui
ne nous a jamais quittés, et de toute la volonté de chacune des
cellules de notre corps, nous en avons pénétré peu à peu
l’incandescence. Par l’immense pouvoir de liberté qu’elle a distillé en
nous, nous sommes remontés vers la surface en brisant nos chaînes une à
une jusqu’à transcender toutes les limites imposées.
En
d’autres royaumes qui sont aussi notre héritage, tout au long de cette
grande histoire, des légions d’êtres de lumière nous ont aidé de toute
la force infinie de leur amour et se sont réjouis avec un étonnement
grandissant de chaque pas que nous avions trouvé le moyen de faire vers
eux, vers nous.
Ne crois pas mon
frère, ma sœur, ceux qui te disent que nous avons raté le train, que
nous nous sommes réveillés trop tard. Certes, on aurait pu faire mieux
et toute la fin de l’histoire aurait pu se passer autrement, mais
dis-toi que tout est toujours juste à l’échelle de l’horlogerie
cosmique, et qu’au départ, dans l’oubli de notre identité, piégés dans
cette dimension non unifiée, séparée du cosmos, nos chances n’étaient
vraiment pas lourdes.
Alors
réjouis-toi, mon frère, ma sœur, sans orgueil mais avec la sobre fierté
du chemin accompli. Tu es sur le seuil. Tu redeviens l’être de lumière
que tu as toujours été, l’être divin qui va humblement s’auréoler de
l’héritage unique d’Urantia Gaïa, avec qui tu chemines cœur à cœur dans
ton ascension. A l’aube des Soleils du nouveau monde qui déploie ses
ailes, tu découvres déjà ton véritable pouvoir créateur. Et tout à
présent se fera en conscience et en joie, dans l’amour transcendé du
divin en toi.
L’Eveil en soi