Qu'est-ce que ça veut dire d'être humain ?
J'ai souvent pensé que la réalité était divisé en deux. Les humains et Dieu. Et que les humains étaient destinés à s'éveiller, à trouver Dieu. Et qu'il n'y avait rien d'autre. Pas de règne animal, végétal ou minéral, que ça comptait pas vraiment, que c'était un décor. Pas d'extra-terrestres, pas d'autres vies. Pas d'autres expériences. L'humain d'un côté et Dieu de l'autre, qui attendait presque impatiemment.
Aujourd'hui je sens autre chose, c'est que cette expérience humaine n'est qu'une expérience parmi beaucoup d'autres. Je ne vois plus cette dichotomie entre 2 choses, l'humain et son but. Je vois l'union entre l'expérience et la Vie. Mais pas seulement cette expérience. Toutes.
Et si l'humain n'était pas seul dans l'Univers ? Pas besoin de parler de petits hommes verts, restons plus proche de nous. Parlons de la nature. Et si les arbres étaient vivants ? Je veux dire réellement vivants, avec une conscience d'eux-mêmes ? Si le règne végétal était une conscience, si les animaux avaient leur propre vision du monde. Et si l'humain n'était pas au sommet de la pyramide ?
Si on pouvait parler avec les arbres, ils nous diraient qu'ils sont jaloux de nous. De nos émotions, de nos désirs, de nos rêves, de nos échecs et nos persévérances, de nos histoires, de nos amours. Un arbre, tu vois, je suppose qu'il a sa vie, mais il ne sait pas ce que c'est que d'être fou amoureux d'une fille avec laquelle on n'est pas destiné être. De désirer avoir une autre vie, un autre métier, et de tout mettre en oeuvre pour y arriver, de voir son projet prendre vie. De voir son enfant naître et grandir. D'avoir peur de la mort. De quoi parle-t-on ici ? D'émotions, de désir, d'envie, de peurs.
Nous apprenons beaucoup de la nature, mais qu'est-ce que la nature apprend de l'humain ? Exactement ça: nos vies d'humains. Là se fait le partage entre la nature et l'humain. C'est un échange d'expériences. Là l'humain reprend sa place: c'est juste une expérience parmi d'autres que la vie se donne.
Qu'est-ce que ça veut dire d'être humain ? Ca veut dire exactement ça. Sentir. Aimer. Pleurer. Désirer. Vivre intensément tout ce qui nous traverse. Tout ce qui rend jaloux les arbres. Alors si les émotions, et le sentir est ce qui nous définit en tant qu'être humains, pourquoi refuser cette expérience ?
C'est bien cela le malheur de l'humain: nous ne voyons pas nos vies et nos émotions comme une aventure. Nous le voyons comme une malédiction. L'enfant en nous a grandi en oubliant qu'il a toujours aimé jouer, qu'il a toujours aimé aimer. Nous ne pensons pas un seul instant que c'est une vie qui pourrait être partagée ou enviée. Jamais nous ne pensons qu'un arbre pourrait profiter de notre expérience comme nous pourrions profiter de son calme, de son immobilité, de sa majesté.
Nous voyons tout ce que la nature nous apporte comme bienfaits, mais nous avons honte de notre propre nature. Nous nous refusons à croire que l'arbre profite aussi de notre expérience humaine. Car nous nous pensons indignes et nous refusons à prendre notre place dans l'Univers. De la honte naît la culpabilité et la guerre.
Nous n'avons pas de but ultime. Pas plus que l'arbre n'a de carrière dans l'informatique. Nous n'avons pas de but dans le sens que nous sommes déjà parfaits tels que nous sommes. L'arbre sait qu'il est parfait tel qu'il est. Prenons son exemple. Pas pour vivre sa vie, mais la nôtre. Nous sommes humains et parfaits dans nos imperfections. Nous avons juste à être qui nous sommes. A vivre nos vies d'humains et à sentir tout ce qui nous traverse. Si nous arrivons à voir cette simplicité, la culpabilité disparaît. La joie revient. L'humain qui connaît sa place dans l'Univers en est fier. Il est reconnaissant, et il est joyeux de partager son expérience. L'arbre est fier lui-aussi, mais il n'a pas besoin de ce concept humain pour vivre. Sa fierté réside simplement dans le fait qu'il est. Soyons fiers de notre expérience nous aussi.
Voir et accepter cela c'est entrer dans la nouvelle ère. C'est reconnaître, à travers l'expérience humaine, qui nous sommes vraiment, que ce n'est qu'une expérience parmi d'autres. Nous ne sommes pas différents des arbres, nous avons seulement une autre expérience. Accepter cela, c'est aller vers l'humain responsable, l'humain conscient de lui-même, conscient de son environnement et de sa place. L'humain qui choisit en conscience ce qu'il veut représenter à chaque instant de sa vie et qui le partage avec l'Univers tout entier. L'humain qui crée pour se découvrir, par plaisir du jeu et du partage de soi-même et de son expérience.
MFM