Lorsqu’on
m’a présenté à toi, on m’avait interdit de te connaître. Puis comme une copine,
te fréquentait, je me suis laissée séduite, cherchant peut-être une nouvelle
expérience.
Tu
étais blonde, une belle blonde, fine, le corps longiligne, tu te tenais droite,
je pouvais te serrais entre les doigts . A la première flamme tu vibrais
et te révélais à moi. Ma copine me convainc que tu étais une merveilleuse
compagne quand elle s’ennuyait, ou autour d’un pot, entre amis, et surtout
quand elle était seule.
J’avoue
que je n’avais pas le goût de toi, je dirais même que tu ne me plaisais pas du
tout. Mais j’étais tout de même, comme aspirée vers toi, tentée de te
rencontrer un jour.
Comme
tu étais toujours avec cette amie que j’appréciais, je me disais « qui se
ressemble, s’assemble ». Je décidais donc de te tester en présence de
cette copine et nous faisions pour quelques moments une réunion conviviale.
Quelques jours plus tard, je décidais moi aussi, de te fréquenter. Je ne savais
pas que c’était le début d’une longue histoire, une très longue histoire… Que
tu m’accompagnerais, sans me lâcher une minute, sur mon parcours de vie, avec les
hauts et surtout les bas, que nous finirions pas être totalement en fusion et
que rien ne pouvait nous séparer durant de longues années.
Sauf
qu’un jour je t’ai trahie. J’ai choisi une brune, plus épaisse, plus
quelconque, plutôt appréciée des hommes. Elle était la compagne d’une troupe de
militaires et j’en fréquentais un, à l’époque. Puis tous deux nous décidions de
te laisser tomber… et après c’est lui qui m’a laissée tomber. Deux ans de
séparation avec toi m’ont fait prendre neuf kilos. Le manque de toi me faisait
compenser par la nourriture. Alors, un jour je suis revenue à la belle blonde « américaine »
que tu étais. Celle que la France avait rencontrée à la fin de la guerre et que
tout le monde s’arrachait. J’eus de nouveau une relation fumante avec toi. Puis
suite à la rupture avec cet homme, je t’ai retrouvée sur ma route et je t’ai
suivie. Je recraquais sur ton odeur, ton goût, ta finesse, ta présence, et ta
façon de fondre devant moi en quelques minutes. Ta compagnie m’était précieuse,
bien qu’elle me coûtait de plus en plus cher. Pour toi, j’étais capable de
sortir le soir à n’importe quelle heure pour te retrouver et me laisser envahir
par cette émotion de bien-être. Même si parfois tu me stressais, tu avais
réussi à me mettre dans la dépendance, sans que je m’en aperçoive.
Etait-ce
de l’amour ou une façon de combler mon manque d’amour ? Au fil du temps tu
prenais ta place, tu devenais un besoin, une béquille.. Je me servais de toi
pour frimer, pour cacher ma timidité, pour jouer la grande, celle que rien ne
touche. Tu me protégeais et me rassurais par ta présence. Jamais je n’étais
seule mais toujours avec toi, comme protégée par un écran de fumée à la vue des
autres qui tantôt m’irritaient, tantôt m’angoissaient. Toi tu étais rassurante,
toujours fidèle à toi-même, aussi jeune que la première fois que je t’ai vue.
Tu
me donnais l’idée qu’avec toi tout était possible.. et dans tous les endroits
où j’allais, avec toutes les personnes que je rencontrais, tu n’étais pas
exclusive, ni jalouse de mes fréquentations.. Parfois tu te faisais si discrète
et si silencieuse que je te cherchais, .mais non, tu étais là. Une présence
continue, et salvatrice dans ma vie de solitaire.
Tu
es la plus belle girl, et la poubelle de mes émotions. Je t'aime même si
parfois, j'ai honte de te fréquenter encore et voir mon argent partir en fumée
à cause de toi…
Oui
tout le monde te connaît. On t'appelle :
" CIGARETTE "